présents 2023

「vous pouvez m’écrire pour avoir accès aux versions audio」

ne pas arriver à s’intéresser
aux ume tardives

après les ume
être plus ému par les premières feuilles
que par les premières fleurs

les magnolia
ces cimetières d’hélices

les magnolia
ces oiseaux d’un jour

les jeunes femmes
en kimono de diplomées
qui marchent rapidement
parce qu’elles ont honte de leur mère

les tâches sur les magnolia immaculés

l’ume qui ressemble à un sakura

le vieux qui me dit
avec les lèvres
il fait froid

les fleurs de camélia parfaites
déposées devant les jizo

l’effet immédiat sur le sourire
d’un très bon oolong

le mizusashi
est-ce le papa ou la maman du bol

la saison des grosses fleurs de tsubaki
qui tombent sur le sol

les maisons qui n’ont planté
que des ume devant leur porte

les chemises blanches bien repassées
et le mouchoir noué sur la tête

les biches qui essaient
de faire un bruit de souris
dans les feuilles sèches

les petits oiseaux
qui font des bruits de souris
dans les feuilles sèches

non
je n’ai pas pris les chips
à l’huitre

un étudiant en zazen
qui sourit sur le chemin de la philosophie

le wabi-sabi
c’est du lofi

retrouver avec plaisir
sa détestation viscérale
de l’asebi

l’aiguille de pin
sur l’ume en fleurs

le dernier grain de poivre

les tabi blanches du cœur

les kama rouillées
qui retrouvent leur vapeur

la pluie cruelle
qui fait pleurer les pétales

se surprendre à dire « i love you »
à son anin-dofu

juste avant la pluie
qui mettra fin aux ume

être vieux de l’âge
du jaune de ses plastiques

être son propre deshi-弟子

se relever et allumer l’encens
car comment calligraphier sans

croiser en forêt
quelqu’un qui a passé la matinée
dans un magasin de donuts

sur la tête d’un shishi
un rosaire de jade

le vieil ume immatériel de gosho

après 13 ans
la première belle fleur
de l’ume planté

un pétale d’ume sur mon engawa

le vieil ume immatériel

les fleur d’ume
comme des mains de danseuse ouvertes

un étudiant
qui mouche son allergie
en gasshô

la brutalité
de la délicatesse

deux pots
de sashimi yuba

vue de biwako
d’un septième étage

simultanément
le lièvre et la tortue

la télé
dans un bouiboui du midi

les jours où on salue
la cascade

la fleur d’ume
comme un chaton sur le dos

sur un toit au loin
des vêtements qui sèchent au vent
comme des drapeaux

derrière un corbillard noir
trois taxis noirs

le bleu de biwako
un beau jour d’hiver

avoir du mal à ne pas courir
pour traverser au feu vert

le son du vent d’hiver

l’envie de mettre un parapluie
sur chaque fleur d’ume

laver son cœur
à la main

un ume en fleurs
à la campagne
n’est plus totalement un ume

quand l’eau du tsukubai
est pleine de glaçons

de son corps
protéger les bols biscuités
des gros flocons de neige

chercher des yeux
l’ume qui sent si bon
et ne pas le trouver

le fils
qui doit sauver
son père

la grosse fleur de tsubaki
étalée au sol
comme une méduse

les ume blanches
qui elles aussi
préfèrent le coucher

la vieille maman
le vieux papa
et la vieille fille
sous leurs grands parapluies transparents
neufs

les jeunes filles
des ports du sud

le curage annuel
du canal
du chemin de la philosophie

les tsubaki sous la neige
les orangers sous la neige
les ume sous la neige

après la neige
le pins ont la goutte au nez

le phénix y laisse des plumes
à chaque fois

les trois amis de l’hiver
sous la neige

les fleurs de lys
le rouge ferrari
les miroirs d’or

la petite fille qui monte au daimonji
avec un ukelele rose
dans son sac à dos

le père
son fils
et le petit-fils
qui arrivent au daimonji

une mouche noire
dans les ume

le pigeon
qui fait semblant de se dépêcher

ferment et
levure
de l’histoire

faire sa balade
lentement

au couchant
les lettres d’or du temple
gravées dans le bois sombre

les premiers ume
suspension de neige

le livreur de journaux
qui délivre la nuit

ouvrir son corps au self-healing

comme un sushi
qui aurait roulé
sur son envers

ceux qui se retournent à moitié
et saluent d’un quart
après le torii

le prêtre
aux yeux éteints
par la nuit de setsubun

les frets de la vie
sur la pulpe de l’âme

le nouveau coussin
pour le bol à prière
du daimonji

une jeune femme qui
au sortir de la banque
inspecte lentement son carnet de compte

la façon dont la neige se dépose
sur les noirs des branches d’ume
et sur le vert du pin rouge

les névés du jardin de kyôto

les jeunes chiots renifleurs de kix

la stupeur à se retrouver dans un avion
rempli de gros vieux

quand le givre remplace la neige
sur les pins

le dernier coup de bâton
sur le cairn enneigé

monter dans la pente en canard

l’artisan qui peut réparer ses erreurs

les dentistes qui ne mentent pas

l’odeur de la poix
après vingt lavage de mains

quand il fait trop froid
trop blanc
pour lancer le four le dimanche

les paillettes d’or de la neige
dans le coucher à moins dix

courir en montagne
dans la pente enneigée
qu’on a montée

quand le cairn est plus petit
que la crête enneigée

quand on touche l’arbre
et qu’il s’ébroue

la branche de pin
pénitente sous la neige

le bruit du sable
sous le coupe-ongle du bolier

la buche couverte de flocons
que l’on met au poêle

enlever ses lunettes
pour marcher un jour de neige

quand le vent
jaunit les flammes

l’origine du noir de la poix

la corvée de petit bois
quand elle devient joyeuse

un bol qui aurait à vingt degrés
sa couleur de mille degrés

est-ce toi la fouine
qui est venue pisser
sur mon palier ?

les traces du lièvre
fuguant avec les miennes

quand l’hiver fait enfin
de toute la montagne
un cairn

le hamac près du poêle

les trois bûches du matin

ajouter de l’ocre
à l’argile

les traces d’argile
sur la porte du bolier

l’eau froide de la gouille
pour les mains du bolier

se surprendre à aimer
l’épandage d’alpage

nettoyer l’opercule
d’un yaourt au soja
d’un seul coup de langue

des chauve-souris
en janvier

l’art
comme du petit bois

le son du petit bois
qui tombe du billot

les matins sans nuages
où les levers ne sont pas oranges

gonfler un sac en papier
pour l’éclater

se surprendre à monter très vite au cairn

les jours qu’on oublie

le silence
après les feux d’artifice du nouvel an

-->