présents 2021

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coucher l’année
comme une enfant

杲

la part de nuit
des bols

杲

la pluie chante comme une enfant
dans la goutière

杲

ah pouvoir réparer une âme
comme on répare un frigo

杲

tu es si légère
quand tu tombes
neige

杲

tu es si lourde
quand tu as chaud
neige

杲

tiens
les nuages ont décidé
de singer la nuit

杲

eh lune
pourquoi tu ne monterais pas par le sud
ce matin

杲

un quatuor
comme un serpent noir
sur la neige

杲

mon poêle
la fenêtre
sur la nuit

杲

l’odeur de la cheminée qu’on a allumée
quand on sort ouvrir ses volets

杲

tous les sol invictus
dans sa vie

杲

descendre se faire tripler
puis remonter au ciel bleu

杲

manger une noix
s’y voir

杲

« qui me veut
qui me veut du bien
qui me fait du bien »

杲

alors j’ai pris
la chaleur de la bûche dans mes bras
et je l’ai serrée très fort

杲

le crunch 
du toast épais
des pas sur la neige

杲

s’enfoncer sur le chemin
fendre son petit bois

杲

trois jours de soleil
les traces du lièvre dans la neige
fondent

杲

les nuages
c’est peut-être une grosse cheminée qui tire mal

杲

quand la neige fond
on dirait qu’elle pleure

杲

ahhhh
font les branches des arbres
qui se libèrent de la neige

杲

le p’tit pipi des animaux
dans la poudreuse

杲

1m50 de neige
et un papillon rouge au sol
dans la maison

杲

les mouches sortirent
et regrettèrent

杲

on ne peut pas faire l’amour
avec la neige

杲

ouvrir des noix
éplucher une orange

杲

deux mouches viennent boire
sur l’argile humide
il neige

杲

la jalousie des prêtres
pour les prières
des autres prêtres

杲

la neige 
tisse
les arbres

杲

voler aussi vite
que le coucher de soleil

杲

une petite fille en monocycle
traverse la rue

杲

couvrant la brocante
le camélia blanc

杲

le rouge tanin
des momiji après les momiji

杲

sur l’engawa
graver un 和

杲

kaki no tane tombés
écrasés sous les chaussons
les manger précieusement

杲

sur le pont
les cheveux d’une femme dans le vent

杲

quelqu’un me fait coucou à la fenêtre
c’est le momiji dans le vent

杲

la feuille du honen-in
désormais
inélégante

杲

sentir le ma
dans la foule tranquille
des japonais entre-eux

杲

la
pluie froide
une semaine trop tôt

杲

le soleil est mon hanko

杲

ce jour de l’année
où les momiji
jouissent

杲

dénuder
la lumière
de ses couleurs

杲

les momiji
sont peut-être
des filets à arc-en-ciel

杲

avoir garder en soi
l’empreinte
de la mer dans le vent

杲

les femmes âgées 
qui mettent un mouchoir sur leur tête 
en guise de parapluie

杲

un papillon orange
volète
devant une porte fermée

杲

comme un vieux pépé
le volcan fume sa pipe

杲

la lune me fait un clin d’œil
éclipse

杲

gen-玄
ou le retour de la vie
dans la vie

杲

un thé au kokedera
plus qu’à katsura rikyu

杲

le sazanka en pleine fleur
plus beau que
la nuit en pleine lune


杲

les feuilles de kaki qu’on ramasse
les feuilles d’hanamizuki qu’on photographie


杲

le pas traînant des déménageurs
qui finissent de vider
la maison d’un mort


杲

un bâtonnet d’encens
plus long
que tous les autres


杲

une toute petite fille tombe
se relève
ne pleure pas


杲

le clou de girofle dans la bouche
en copiant
le sutra du lotus


杲

le dernier automne
des japonais entre-eux
kana


杲

le fourreau thermos
des professionels du shinkansen
pour tenir leur bière au frais


杲

du plus petit au plus grand
les pins taillés
de takamatsu


杲

la petite musique
des draps
dans la nuit


杲

être un dai-kichi
autour de soi


杲

le nuage qui rend le mur beau
le nuage qui rend le mur laid


杲

les femmes qui aiment
le son
de leurs talons


杲

parfois les kanji
sont des jizo
d’encre


杲

regarder les feuilles
comme si l’on était au louvre


杲

une statue de fudō myōō
qui sourit


杲

les voix vulgaires mais heureuses
des grands-mères
dans la pièce privée d’un ryokan à midi


杲

comme une vie
où clark ignore qu’il est superman
comme une vie
où clark se prend pour superman


杲

gradient d’automne
une autre façon de dire
faire l’amour


杲

avoir un duo
digne de gene kelly
avec la pédale de la poubelle


杲

se réveiller au petit matin
et croquer
un grain de poivre


杲

tous les marchés aux puces
où je n’irai jamais


杲

à kyôto
se faire réchauffer un bout de pizza
et grignoter une salade sans sauce


杲

les canards
qui font semblant
d’avoir peur


杲

ces matins où l’air de la forêt
est plus goûtu
que sa lumière


杲

deux policiers
en tenue réglementaire
sur un petit scooter


杲

tous mes livres sont 
comme mes vêtements
non repassés


杲

au marché aux livres
un vieux puis une vieille
viennent péter près de moi


杲

devant un parterre de jeunes filles
en cosplay de servantes
un vrai moinillon zen


杲

les ume n’ont plus de feuilles
et ils sont beaux


杲

première année de la dentelle
du beige et des bottines
sur les kimono


杲

passer sous des agrumes verts
mais énormes


杲

j’ai dû lever mon bras bien haut
pour prendre la première graine
du bodaiju


杲

le corbeau jais
se lave dans le tsukubai
du tombeau de l’empereur fou


杲

chérir


杲

quand on ne voit pas encore les hommes
à partir de l’avion


杲

les pantalons dans les bottes des pompiers
près de leur camion
qui attend


杲

le cheval qui ne pouvait pas
s’empêcher de manger des sasa


杲

ah si la beauté
avait fait son vaccin à temps


杲

l’amertume douce
du thé au jasmin
quand on l’infuse trop longtemps


杲

les chaumières de paille
dans les rizières d’automne


杲

le son des glands
qui craquent
sous les pas


杲

tiens
quelqu’un a dû changer
l’ampoule de la lune


杲

les gardiens du feu
aux cheveux blancs clairsemés


杲

quand le soleil sert
un mugoncha 
sans thé


杲

sortir le premier vêtement chaud
sans regret
avec gratitude


杲

les deux pneus
au budo-center


杲

soudain
les gouttes d’eau sur les dernières feuilles de l’ume
brillent comme du cristal


杲

les traces réjouissantes d’un chat
dans un ciment encore tout frais


杲

les vitres d’un hôpital
un jour de plein soleil


杲

odeur de l’adoucissant sur le marcel
pendant le yoga
du petit matin


杲

descente du daimonji
huit biches
me regardent
offusquées


杲

le petit garçon
debout
sur le siège arrière du vélo de son grand-père
dans la pente


杲

sur la plus haute branche de l’ume
une petite libellule
dors longtemps


杲

être le paparazzi du soleil
dans les arbres


杲

les nuages à l’ouest
derrière le pare-brise
font un moyo de kimono


杲

comme 
un collier de perles naturelles


杲

sur le pare-brise
la pluie fait
un motif de kimono


杲

les libellules
à ise


杲

des pétales au sol
alors lever les yeux


杲

le bruit trop blanc
trop fort
de la cascade


杲

sourire au kaki
reçu en cadeau
qui fait le double de la taille de ceux qu’on achète


杲

éplucher une petite mikan
avec un grand couteau


杲

la fierté de ko-ume
m’offrant l’éventail célébrant son hatsu-shite
pour que je le suspende dans mon genkan


杲

le feu qui monte à deux mètres
comme un dessin
emportant les noms


杲

le scarabée
lors de la prière d’ajari


杲

le son d’une furin
dans un temple zen


杲

le son d’une feuille d’ume
qui tombe à l’automne


杲

chorégraphier les mouvements
pour mettre du miel dans son thé


杲

le grillon qui chante
dans la maison


杲

deux jours et c’est fini
les grosses fleurs de thé


杲

un porte-parapluie sur un vélo
utilisé comme porte-ombrelle


杲

par la fenêtre ouverte
des odeurs de cuisine de famille


杲

mon petit théier 
et ses six grosses fleurs


杲

plus de pommes dans le frigo
alors manger une tomate


杲

skate post-quarantaine
être accueilli par 
le kinmokusei, le zoo, le ramen d’Heian Jingu


杲

une petite mikan claire
difficile à éplucher
juste sortie du frigo


杲

mouiller les fleurs du tsubaki
juste pour jouir de leur reflet


杲

le papillon est trop grand
alors il se laisse porter par le vent


杲

le tao-道
c’est le chemin qui mène
de l’ima-今 au gen-玄


杲

un mat en plastique
et une serviette en coton
sur des tatamis


杲

quarantaine
un beau temps
à devenir parano


杲

l’espacement
entre les gouttes de la pluie
la nuit


杲

on aurait envie de vous donner
du dégrippant à boire
cigales d’automne


杲

quarantaine
se sentir coupable
de sortir les poubelles


杲

la première fleur
du petit théier
planté ce printemps


杲

les pieds au mur
le daimonji
ce mont de Vénus


杲

de quarantaine
tu ressembles à une boite de thon
lune pleine


杲

elle doit sentir la citronnelle
la pleine lune


杲

ouvrir la porte
de sa quarantaine d’hôtel 
en caleçon


杲

ouvrir la fenêtre de la quarantaine 
derrière les camions
des cigales


杲

de la quarantaine 
voir le grand pont


杲

ne pas regarder les nuages
par au-dessus 
par le hublot
par respect peut-être


杲

le ventre des hommes
les seins des femmes
dans l’allée de l’avion


杲

être dans les nuages
au-dessus de la pluie
mais dans le flottement


杲

en descendant vers la traite
les vaches font
leur bruit de cathédrale en fête


杲

les rapaces planent si haut dans le ciel
sans contrails


杲

les mouches qui demande à ce qu’on les sortent
comme des chats


杲

rentrer de balade
les feux sur la crète


杲

entre mes deux ume
une vache laitière


杲

comme la neige
la pluie d’automne
cotonne les sons


杲

à deux heures les vaches font la sieste
une ronfle
aucune n’agite sa cloche


杲

a kuma-don
in a kuma-wan
on a kuma-bon


杲

la couverture blanche
que j’ai laissée sur le hamac
est ce matin froide, mouillée de rosée


杲

quand il va pleuvoir les vaches s’allongent
quand il fait trop beau elles s’allongent aussi




杲

les couples de rapaces
qui dansent et jouent
dans le ciel bleu


杲

le gros arrosoir vert
que j’ai laissé sur la plateforme arrière
près du hamac blanc


杲

la petite fleur rose
du murier à fleurs blanches


杲

le bruit de la fenêtre qu’on ouvre
quand y attendent
cinquante mouches


杲

le petit morceau de terre dure
dans l’argile qu’on a mal brassée


杲

le mouvement de la tête d’une vache
quand elle chasse un taon


杲

deux oranges à dessert
pour un jus pressé


杲

un papillon
sous la pluie
au soleil


杲

peut-être que les souris sont tristes
que je ne chante pas


杲

l’étrange silence de l’étendoir
quand on le remplit


杲

être doux avec soi-même
quand on a jamais appris


杲

le ramoneur est passé
il était habillé tout en noir


杲

une grosse cuillère de confiture de framboise
dans le riz au lait


杲

le bruit du jus de fruit
dans sa bouteille quand elle est pleine au quart
et qu’on la secoue


杲

comme un chat sauvage
le rosier griffe quand on veut le soigner


杲

la ronce du rosier
prépare ses mures


杲

ranger les hamacs
trop frais aujourd’hui


杲

la lenteur avec laquelle
une vache tourne la tête
pour vous regarder


杲

dans ma furin à tubes
le vent me tient compagnie


杲

fin août
à vingt heures
sur le plateau


杲

les aigles ce soir
prennent le ciel
pour un rink de skate


杲

un gros chien de troupeau
débile
mais avec les yeux étoiles


杲

regarder la lune
avant d’ôter son pyjama


杲

regarder la lune
après avoir mis son pyjama


杲

un été
sans libellules


杲

les clochettes des génisses au loin
comme le glouglou d’un filet d’eau enterré


杲

sur le nuage noir de la cime en face
égaré
un rayon jaune du coucher


杲

le sourire d’un chien
qui s’est amusé
et qui a repéré enfin
le sifflet du maître


杲

en écoutant du proust
imaginer que le français s’écrive
en kana et kanji


杲

aller pisser dans le jardin
lever les bras
salutation à la lune


杲

les arbres qui ne meurent pas
un pic-vert nichant au cœur


杲

la trace des langues des vaches
sur leur cube de sel


杲

quand le dos 
en veut personnellement
à la débroussailleuse


杲

la pie fonce dans l’épicéa
sans se soucier d’avoir mal aux ailes


杲

ouvrir la fenêtre aux mouches
dix fois


杲

un matin de pluie
la fumée des deux batons d’encens
toute droite


杲

après m’avoir observé longuement
l’écureuil noir s’enfuit
dans un bruit de fouet


杲

le rapace me regarde
comme je regardais la biche


杲

après avoir coupé une branche
de la sève de pin
dans les cheveux


杲

le bruit de l’arroseur
sur les nénuphars


杲

les femmes sans ancre
sans gen-玄
perdues
perdant les hommes


杲

laisser la pelle à neige
à sa place
en plein août


杲

le plaisir à arracher
des orties à la mains
avec de gros gants


杲

ce jour de l’été
qui fait fondre
les derniers névés


杲

faire un peu de foin
laisse des traces sur les mains


杲

dans la boite à œufs
une plume


杲

la renarde
chasse les mulots dans le foin
comme une clarinette


杲

aspirateur et serpillère
après le départ du petit chien
qui ne savait pas aimer


杲

après la pluie
les oiseaux chantent plus fort


杲

réunion du mauvais goût
à côté d’une immense limace orange
un gendarme rouge et noir


杲

les étoiles et la bougie
fêtent
à la façon de l’ours


杲

regarder par la fenêtre
les rapaces se séduire


杲

début août
le feuilles tombées du merisier sont aussi belles 
que celles que je ramasse en novembre


杲

se sentir comme une noix
qu’on aurait gardé trop longtemps


杲

quand au sommet les nuages
t’empêchent de voir les vallées
derrière ta vallée


杲

tronçonneuse
scie axiale
et paysage révélé dans la branche de fruitier


杲

le vieux petit chien
qui repasse devant 
après la côte


杲

choisir un chien
qui vous regarde dans les yeux


杲

un mulot empoisonné s’approche de moi deux fois
comme pour me demander de mettre fin à ses souffrances


杲

on peut parfumer sa maison
à l’encens
ou au chien


杲

ni le tonnerre
ni son écho
mais son écho dans la vallée


杲

le petit chien sent funky
mais sa nourriture meilleure que la mienne


杲

la vache est montée
cinquante mètres au-dessus de toutes les autres
et elle regarde le paysage


杲

arracher de grandes mauvaises herbes après la pluie
et se passer la main mouillée dans les cheveux


杲

comme une africaine pillant son mil
comme un enfant détruisant son chateau de sable
faire sa chamotte


杲

le bolier qui tourne en rouge
se lave les mains
et les essuie dans une serviette blanche


杲

à chaque fois que j’arrose le rosier
je l’entends me dire merci


杲

un morceau de pierre que le gel a détaché du rocher
en forme de cœur
deux morceaux


杲

faire avec sa bouche
le bruit de départ de la machine
en lançant une lessive


杲

un céramiste ne crée pas des bols
mais un test de personnalité


杲

en rentrant au chalet
déranger le gros lièvre
qui s’en va en bougonnant


杲

les premiers pas de la pluie sur le toit
ressemblent à ceux d’une souris


杲

un gros rapace se pose
sur la branche basse 
d’un épicéa à la lisière


杲

la lune est si grosse
si joufflue
qu’on a envie de lui faire une bise


杲

cueillir et manger
une tomate cerise
chaude du soleil de midi


杲

les voisins
tous les quatre dans le champ au soleil
pour les foins


杲

j’aurai voulu t’entendre tomber
pétale blanc
derrière la vitre ce matin


杲

quand on donne du vous
c’est parce qu’on exige du vous


杲

les vapeurs de la rosée
et le toit qui craque au soleil comme un dos de vieux


杲

effectuer les tâches répétitives du quotidien
comme si l’on jouait d’un instrument


杲

éplucher une orange
pour quelqu’un


杲

vache
les gens répondent désormais à mes salutations
par un monsieur qu’on donnerait à un notaire


杲

les pâturages en pleine fleur
n’ont jamais senti aussi bon
que ce petit matin au soleil


杲

deux gouttes d’eau
qui s’écrasent comme des étoiles
sorties de ma flute


杲

sonner le gong
claquer dans ses doigts deux fois
sans rythme ni raison
juste pour dire merci


杲

les bûches d’épicéa
et leur parfum de réglisse


杲

se mettre dos à la vue
comme si on en faisait partie


杲

si j’étais une fleur
je ne serai pas l’arnica


杲

l’étoile dans l’oeil du mulot
mort
sur le tatami


杲

dans un chalet
le nécessaire à échardes


杲

cette nuit la fouine
a fait tomber l’inari de droite
de la mezzanine


杲

et toi si tu étais une note ?
un sol peut-être


杲

qu’est-ce qui sent si bon ?
oublier la fleur cueillie pour son entrée


杲

mal dormir à cause de la fouine
et trouver ses deux crottes fraiches sur le paillasson


杲

régler la tension de la scie à ruban
aussi facile que celle de sa vie


杲

Quand la pluie a cessé
mais qu’il faut mettre sa capuche dans la forêt


杲

les papillons
ces rêves de fleurs


杲

laver son samue de céramiste
comme une lavandière


杲

vivre
sur la lèvre du ciel


杲

arroser le grand rosier
de l’eau brune de la serviette blanche


杲

descendre à la cave les laisses et la brosse
laver la serviette blanche


杲

le bruit des mouches
une fois le gros chien parti


杲

à l’heure de la sieste
les vaches font un bruit de furin


杲

un chien ne marchande pas


杲

quand un chien retient sa respiration
pour écouter un bruit au loin


杲

se parfumer
aux coussinets de gros chien
ayant marché dans l’herbe


杲

un après-midi où il fait beau
un hamac
un chien


杲

les petits coups de truffe d’un chien dans votre main
quand il marche sans laisse à côté de vous
pour vous dire qu’il est heureux


杲

ajouter tous les jours
une nouvelle pierre au cairn


杲

le parfum d’un vieux pommier qu’on tourne
un casque anti-bruit sur les oreilles


杲

quand les vaches attendent la pluie
l’alpage s’endort


杲

la joie concentrée d’un chien
quand on lui donne une friandise


杲

comme un gardien de refuge
où personne ne se réfugie


杲

un chien qui lape sous la pluie
dans une auge d’alpage


杲

le gros chien pue
se laver les mains plus qu’avec le corona


杲

l’orage passe dans son nuage blanc
les vaches ont laissé les orties


杲

les vaches sont rentrées à l’étable
dans leur silence
le tonnerre gronde


杲

les vaches aiment juillet
elles peuvent choisir leurs fleurs


杲

colle un reblochon contre ton oreille
tu entendras les cloches


杲

eh la chenille que je viens de sauver
qu’est-ce que tu fais encore dans le seau ?


杲

un rapace piaille dans le ciel bleu
le gros chien qui veut se balader soupire


杲

vivre
brosser un chien qui réclame des caresses


杲

quand un gros chien se couche
pose sa patte sur votre pied
et pose sa tête sur sa patte


杲

un esprit sain
dans un cornichon


杲

un grillon après la pluie
fait son bruit de vieille roue voilée


杲

comme un allume-feu sans bûches
au milieu de la cheminée


杲

le crépitement du petit bois
sous un ciel gris


杲

sacrifier une serviette blanche
pour un gros chien
qui pue bon la pluie


杲

certains souvenirs
sont comme des tiares
des constellations dans la nuit du jour


杲

pester contre les livres
dont il faut découper les pages


杲

la pluie douce sur le toit
comme une femme qui fredonne dans une pièce au loin


杲

le clonc
du nouveau pot de confiture


杲

sonner deux fois le gong
et se frotter la main piquée par les rosiers


杲

dans le pin rouge
enlever un nid vide


杲

une biche passe devant moi
en grand délit de fuite


杲

attendre sur une pierre
que le soleil passe la forêt


杲

Oï papillon
tu es orange tigré
et la ciboulette violette


杲

allumer un feu
enlever un pull


杲

se baisser vers les fleurs
pour savoir laquelle sent si bon


杲

les petits sapins 
qui poussent
dans de vieilles souches mortes


杲

deux coups à la porte du bas
j’arrive
deux coups à la porte du haut
ahhhhh une pie


杲

rentrer
se tremper les pieds dans l’herbe mouillée du pré
et se prendre un gros gadin


杲

rentrer
et se tremper les pieds dans l’herbe
du pré après la pluie


杲

dire bonjour
à un gros chien blanc
tout mouillé


杲

les gros oiseaux qui s’envolent
dans un bruit
de chien qui s’ébroue