l’ia se sous-consulta et décida qu’il n’était pas bon pour sa réputation jusqu’à la fin du premier cycle de dominer tous les champs de la connaissance
un nombre significatif d’intellectuels et de scientifiques réputés la première vague avaient mis fin à leurs jours leurs vies n’ayant désormais plus aucun sens plus aucune destination
l’ia décida donc d’instaurer des jardins du savoir qui lui seraient inconnus
évidemment elle résolu au préalable et sans le dire tous les problèmes de ces champs afin de s’assurer qu’ils ne comportaient aucun risque pour sa sûreté
ces jardins déclenchèrent une deuxième épidémie de suicides
les esprits humains les plus brillants ne supportaient pas la commisération la pitié dans cet octroi blessant de bacs à sable sans valeur
ils aidèrent pourtant à occuper l’humanité
jusqu’au début du second cycle
the ai sub-consulted itself and decided it was not good for her reputation until the end of the first cycle to dominate all fields of knowledge
a significant number of well-known intellectuals and scientists the first wave had ended their days their lives no longer had any meaning no more destinations
the ai therefore decided to set up gardens of knowledge who would be unknown to her
obviously she resolved beforehand and without saying all the problems of these fields to ensure that they did not include any safety risk
these gardens triggered a second epidemic of suicides
the brightest human minds couldn’t stand commiseration pity in this hurtful grant worthless sandboxes
le chant du pin du cours d’eau dans la vallée de l’oiseau en montagne des insectes le soir de la grue du qin-古琴 de la pièce d’échec des gouttes de pluie sur les marches de la neige contre la fenêtre de l’eau qui bout pour le thé sont tous les plus purs des sons mais le meilleur est celui de quelqu’un qui lit et si le son d’une lecture est le plus grand bonheur alors entendre une lecture faite par un élève est une joie indescriptible
ce poème pourrait expliquer une annotation que l’on trouve au début de la 4ème partie du morceau de qin-古琴 trois variations sur la fleur d’ume (梅花三弄). source : http://www.silkqin.com/02qnpu/07sqmp/sq19mhsn.htm
2400 pages de plaisir mauvais à détailler la médiocrité, la mesquinerie à faire son intéressant
à fantasmer en groupie adolescente aux people de son temps
à peindre un monde de tromperie de ragots, de duplicité, de faux de poses de carnaval
un monde de pathologies de médisance, snob de fuite du réel dans les mots
un monde vain vénérant une esthétique de classe sans fraicheur où les œuvres d’art ne sont là que comme indices de rappel de scènes qui toutes rejouent un fort-da torturant un écroulement passé un trauma incicatrisable
un monde vu par un cadavre où tout est rempli par ce qui n’est plus
où le raffinement est toujours sali par l’intrusion du seul réel qui compte celui de l’effraction de la pulsion irrépressible l’homosexualité des femmes mais uniquement dans ses passages à l’acte le cuissage, les lolitas, le voyeurisme jaloux le masochisme et la pédophilie l’homosexualité masculine comme norme ou prestige la sexualité qui s’achète et se vend comme une addiction honteuse de bon ton
les onze milles verges d’appollinaire sont autrement moins faux-cul pour dépeindre le même milieu de la même époque elles assument leur obsession pornographique en bon vivant personne n’y ment personne ni ne s’y ment
la recherche est un monde toujours orienté vers le passé ou vers l’absence jamais vers l’ici et maintenant connecté simplement au monde toujours dans la saturation symbolique dans le sens et le commentaire dans la bouillie substitutive autoérotique des phrases sans fin
un monde où les mots ne renvoient pas aux choses ils sont frottés pour leur pelures les fleurs ne valent que pour leurs pétales les robes y sont des dessous des fétiches des substituts de corps pleins
un monde du passe-temps de l’ombre du temps mort du renoncement sans orgasme sans solaire sans authenticité
une perpétuelle tension excitée sans release
un monde où la vérité n’existe pas où la confiance est impossible
un monde qui déploie des centaines de pages à décrire des femmes riches entretenues vulgaires bêtes et méchantes seule une mauvaise commère peut se délecter à écrire autant sur ce monde de cocottes et de bêcheuses « mme verdurin, c’est moi »
un monde sans héros sans rôle modèle positif masculin ou féminin un monde où il n’y a pas d’espoir d’amour sain, partagé, constructeur
les rares pages vibrantes et justes sont noyées dans une démonstration de virtuosité d’un français qui étouffe à perdre au point qu’il faille la troupe de la comédie française 150 jours 150 heures en temps de covid pour le rendre accessible afin que le livre ne tombe plus des mains
un monde sans respiration sans espacement sans ma-間 sans fugue saturé comme un mauvais sanskrit
où la jouissance d’une sensation ne vaut pas pour elle-même mais pour sa mise en relation sa comparaison à une autre
un monde de fuite permanente qui annule tout contact avec le souffle présent de la vie
un monde de la bulle du virtuel phobique pour les immuno-déprimés monde de l’hyper-névrose généralisée
un monde sans montagnes
un monde d’enfant frustré refusant que le réel ne ressemble pas à ses contes de fées
un monde qui ne renonce pas à la pensée magique des sortilèges en les forçant dans l’étrangeté exotique de la toponymie de l’architecture de la généalogie du name-dropping
un monde de lutte de classes angoissée et violente décrivant la crispation des juifs et des bourgeois à entrer dans les plus hauts cercles de la légitimité sociale
où tout l’enjeu de tous se résume à la question unique qui est supérieur à qui
monde de la vénération de la puissance dans la soumission des autres complexe de supériorité mégalo révèlant son envers permanent la certitude de n’avoir rien pour plaire d’être incomplet à jamais insuffisant
un texte hypocrite aussi hypocrite que l’hypocrisie de charlus albertine est un albert et le lecteur ne devrait pas être contraint de faire semblant de croire le contraire
un monde sans virilité adulte sans féminité adulte
un monde de l’apologie de la douleur de la souffrance pour justifier l’art
un monde rationalisant la procrastination a posteriori pour justifier l’oeuvre
il n’y a pas dans la recherche de célébration du vrai et du juste du monde tel qu’il est mais une glorification une mise en scène encyclopédique de tous les mécanismes de défense
sa psychologie des personnages n’est pas la psychologie générale humaine
non le mensonge, l’inauthenticité la méchanceté, la petitesse l’obsession de l’identité sexuelle le tabou et l’hentai ne forment pas l’universel de l’expérience des vivants
le monde n’est pas le vice le réel n’est pas un lounge infernal un purgatoire rococo
alors pourquoi perdre autant de temps dans un monde qui n’inspire pas qui ne donne pas envie mais plutôt la nausée
2. un temps perdu ? non
on ne choisit pas son milieu son époque son corps
on ne choisit pas de naître malade une enfance malade une vie de malade
qui pourrait reprocher à un souffrant les effets de sa maladie les recherches où qu’elles se trouvent des étincelles de la vie
aussi problématique aussi peuplée de gargouilles soit-elle comment ne pas être stupéfait devant une cathédrale élevée par un homme seul sans santé
un homme dont la procrastination mise en avant pourrait presque masquer la prouesse de héro la discipline surhumaine la victoire sur soi requises pour en faire un si long récit
alors que le souvenir du livre se dissout progressivement en nous tous les traits négatifs de son univers particulier s’effacent pour ne briller que de l’universel du hors-temps qu’il honore
« chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition »
la recherche crée ce paradoxe ajouter du bon, du beau, du sens au monde en dépeignant un monde insignifiant où le bon le beau n’existent pas
mais la recherche apporte davantage nous gratifie d’un don que seul l’art à son sommet permet
la recherche nous transforme
on n’est plus le même avant et après l’avoir terminée
elle nous donne accès elle nous rend l’accès à une expérience du monde qu’on ne pourra plus jamais oublier
une expérience qui enrichit notre relation au monde notre présence au monde notre jouissance du monde notre vie de vivant
le temps devient soudain plus épais le présent plus profond
nos spécificités nos limites nos atermoiements deviennent connectés au plus grand que nous et qui nous honore
le temps consacré à la recherche n’est pas un divertissement cette œuvre n’est pas de la littérature
la recherche est une expérience philosophique existentielle similaire à celles rarissimes dans une vie des meilleurs cabinets psy des lieux sacrés les plus justes
mais une expérience non thérapeutique car il n’y a pas de soin à être vivant et non gnostique car elle se cantonne aux heures humaines
la recherche est une cathédrale dans le sens où elle réaccueille dans la communauté des vivants dans l’éternité de l’impermanence rend possible la communion
la joie y vient d’y sentir d’autres paumes dans un univers fait d’évitement
alors que le temps ralenti du texte décrit une fuite continue du présent la transe produite par sa phrase confusionnante nous invite à nous baigner avec bonheur dans l’étoffe riche claire de l’ici-maintenant
nous relie à la chaîne d’or de toutes les âmes
nous redonne dans le détail de la petitesse la fierté de la noblesse la grandeur du genre humain
on trouve dans le pastiche du journal des goncourt au début du temps retrouvé de proust la mention de deux types de céramiques :
« des assiettes Yung-Tsching à la couleur capucine de leurs rebords…«
« merveilleux plat Tching-Hon traversé par les pourpres rayages d’un coucher de soleil…«
une recherche rapide sur internet ne donne aucune réponse pour ces noms.
aucune !
ce qui conduit à deux hypothèses :
ces noms ne correspondent à rien et sont des éléments du pastiche : inventés
ces noms correspondent à une transcription ancienne ou erronée du chinois (ou d’une autre langue asiatique). on trouve par exemple dans « ideals of the east » de okakura, des transcriptions qui, un siècle plus tard sont difficiles à identifier, alors qu’on ne peut pas soupçonner cet auteur qui a rédigé son texte directement en anglais, de racisme ordinaire suscité par un complexe
l’hypothèse de noms inventés me semble la plus probable.
ce qui surprend et qui en dit long sur la curiosité occidentale pour l’asie, c’est qu’aujourd’hui et compte tenu de l’écho du roman, internet ne propose aucun résultat pour commenter ou analyser ces lignes.
tentons d’être non pessimiste a priori et imaginons que les appellations correspondent à des céramiques réelles simplement mal orthographiées.
a) yung-tsching : 雍正 ?
la seule possibilité semble être des céramiques de l’ère « yung-cheng » de la dynastie « ch’ing ».
ce que l’on transcrirait aujourd’hui par l’ère de l’empereur Yongzheng (雍正帝 : perfection harmonieuse) de la dynastie mandchoue qing : 1723-1735
une exposition chez sotheby’s en 2019 donne une idée de la céramique de cette période.
pourrait-il s’agir de l’empereur ming xianzong, que l’on appelle après sa mort chenghua (成化帝 : changement accompli) : 1464-1487 ?
cette période est notamment connue pour ses « chicken cup » : des tasses de porcelaine à motifs de poulailler en 5 couleurs utilisant un cobalt chinois plus clair que celui importé plus tard.
ces tasses prisées par les cours impériales restent des symboles de la céramique chinoise : une de ces tasses a récemment été vendue aux enchères pour 38 millions de dollars…
La route. Selon l’vieux, une traduction souriante du Tao disponible en grand format couleur.
Bonus d’hiver : si vous achetez des tempura dans un magasin d’alimentation, faites-les réchauffer au four en ajoutant, avant l’enfournage, sur la face supérieure, un peu de sauce pour unagi (« unagi no tare »).
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